Le Canada libéré
Si la fin du lock out était une bonne nouvelle pour tous les amateurs de hockey sur glace, ce fut tout particulièrement vrai pour les Canadiens, qui, de Montréal à Vancouver, vouent à ce sport une véritable religion. Pour eux, le retour de la NHL, c'est une libération ! Gros plan.
"Le temps est venu": par ces simples mots chuchotés au micro, le speaker du club de hockey sur glace des Canadiens de Montréal soulève dans l'amphithéâtre la foule des fans, euphoriques de retrouver enfin leur sport favori après une année complète de privation. A Montréal comme ailleurs au Canada, la fièvre du hockey sur glace est de retour en ce chaud début d'automne.
"Dans toutes les villes du Canada, l'assistance aux matches hors-concours (préparatoires) est excellente partout", commente René Pothier, présentateur des grands rendez-vous sportifs à la télévision de Radio-Canada. Pendant un an, la NHL a été complètement paralysée par un conflit entre joueurs et propriétaires des équipes, ces derniers réclamant un plafond salarial qu'ils jugeaient essentiel à la survie du circuit.
Un jeu plus spectaculaire
Le conflit a connu son dénouement en juillet quand les joueurs ont fini par accepter que le total de leurs salaires ne dépasse pas 39 millions de dollars (32,4 millions d'euros) par équipe. La fin du lock-out, qui avait été imposé par les propriétaires, a donné lieu à un vaste chassé-croisé de joueurs, puisque la plupart des vedettes étaient sans contrat de travail.
Résultat: 256 des 1019 joueurs de la NHL ont changé de club depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle convention collective, selon le magazine Sports Illustrated. La Ligue a aussi profité de la suspension de ses activités pour revoir certaines de ses règles afin de réduire l'accrochage et rendre le jeu plus fluide, plus spectaculaire. "Le spectacle auquel on assiste depuis le début des matches hors-concours, c'est ce qu'on réclame à cri depuis des années, c'est ce qu'on veut", ajoute René Pothier, tout émerveillé.
"Il nous manquait quelque chose"
La NHL espère ainsi attirer davantage de téléspectateurs en séduisant notamment les jeunes qui, depuis une dizaine d'années, ont progressivement délaissé le hockey et sa violence pour le soccer (football). Tant et si bien que le football, qui a particulièrement la cote chez les moins de 18 ans, est aujourd'hui le sport le plus pratiqué au Canada.
Chez les 20 ans et plus, le hockey sur glace demeure une véritable religion et ces jours-ci, certains de ses adeptes se sentent carrément renaître. "Il nous manquait quelque chose dans la vie, c'était le hockey", lance Dean, 21 ans, arborant fièrement les couleurs des Sénateurs d'Ottawa, club qui compte parmi les plus sérieux aspirants à la Coupe Stanley cette année.
Bertuzzi déchaîne les passions
A Calgary, dans l'Ouest canadien, les partisans rêvent encore à ce prestigieux trophée qui a échappé à leurs favoris, les Flames, lors de la finale du championnat contre le Lightning de Tampa Bay en 2003-2004. A Vancouver, sur la côte du Pacifique, les supporteurs des Canucks n'en ont que pour le retour au jeu de Todd Bertuzzi, joueur vedette suspendu depuis qu'il a infligé de graves blessures au cou à un adversaire en le frappant par derrière avec sa crosse lors d'un match de championnat en mars 2004.
"Les gens en ont marre de cette controverse (...) Les fans veulent seulement démontré leur soutien à Todd. Ils veulent le voir revenir au jeu et je crois qu'il aura droit à toute une ovation", a déclaré à Jeff Patterson, journaliste sportif à la station radiophonique locale Mojo AM 1040. Ironie du sort, l'émission de télévision culte dans les provinces anglophones, "Hockey Night in Canada ", ne devait pas présenter les premiers matches de la saison en raison d'un lock-out à la chaîne publique CBC.