Le démon de Trimolet
Y aurait-il une malédiction boulevard Trimolet ? A l'instar de leurs homologues footballeurs, les hockeyeurs dijonnais ne se sont encore jamais imposés cette saison en championnat dans leur antre.
Dominateurs dans le premier tiers, sans pour autant se montrer opportuniste, avant d'être à nouveau indiscipliné, le CPHD, par ailleurs relativement à son aise à l'extérieur avec cinq points acquis sur huit possibles, a semblé samedi soir sur sa glace empreinté et en manque de confiance. Il pointe désormais à la neuvième place, à égalité de points avec Caen, onzième.
Logiquement battus par Rouen il y a trois semaines, puis malheureux contre Morzine/Avoriaz le week-end passé, les hommes de Daniel Maric n'ont cette fois-ci aucune excuse. Bien sûr, le poteau d'Erik Bochna aurait peut-être pu changer la donne et les soucis de patin de Sébastien Rousselin - décidément bien malchanceux en ce moment -, obligeant sa défense à se réorganiser, n'ont pas arrangé les affaires dijonnaises, mais, en réalité, le problème est ailleurs. Il en est même récurrent !
Le double de shoots
Comme à leur habitude, les locaux ont pris le match à leur compte. Au bout des 20 premières minutes, les Dauphins spinaliens sont bousculés. Dijon a une nouvelle fois shooté deux fois plus que son adversaire (16 contre 7) pour un résultat nul (0-0). « On aurait pu en avoir encore plus sans se compliquer autant la vie », souligne Daniel Maric. « On a fait un paquet de passes inutiles. Contre une équipe qui s'est contentée uniquement de défendre au début, si on précipite les préparations, c'est une catastrophe. Il vaut mieux prendre un bon lancer plutôt que de faire un dernier geste inutile », lâche-t-il un peu agacé par ce comportement offensif qui s'est éteint au fur et à mesure du match, à l'image des sept supériorités n'ont converties.
« On n'a pas assez écarté le jeu », reprend l'entraîneur dijonnais. « D'habitude, on construit bien et on arrive lancé, ici, on s'est pris les pieds dans le tapis. On a tout de même 37 shoots. En plus, on a manqué d'énergie, notamment vers la fin du match. »
« Enfiler le bleu de chauffe »
Deux gros rendez-vous en moins de huit jours (Morzine/Avoriaz et Grenoble) n'y sont pas étrangers. Un autre facteur également connu a favorisé cette fatigue : l'indiscipline. Exemplaires lors du tiers initial, les Ducs ont ensuite sombré dans ce domaine, concédant 10 minutes dans le deuxième et passant 50 % de leur temps en infériorité. Chassez le naturel. Forcément, ça use ! « On avait décidé de jouer à cinq », explique Milan Tekel. « Après une bonne période, on est retombé dans nos travers », peste-t-il.
Vladimir Hiadlovski, l'une des rares satisfactions de la soirée, a eu beau retarder l'échéance face à Simko et Mazerolle, les brèches laissées à ces attaquants vosgiens, conjuguées aux pénalités, ont fini par être fatales aux locaux, Epinal inscrivant d'ailleurs le premier but décisif à cinq contre quatre. Les changements de ligne n'y ont rien fait, le CPHD s'incline encore. La chape de plomb qui s'est abattue sur la tête des joueurs côte-d'oriens au soir de Morzine/Avoriaz est toujours bien présente.
« Il faut plus d'efforts et enfiler le bleu de chauffe », conclut Maric alors que Milan Tekel, capitaine courage bourguignon pense au groupe : « On doit montrer une réaction collective et encore plus travailler. Il ne nous manque pas grand-chose. Il ne faut surtout pas baisser les bras. »
Alors que se profile un déplacement crucial chez le promu Mont-Blanc, samedi prochain, des changements sont à attendre au sein d'une équipe dijonnaise actuellement en proie au doute.
Jérôme ROBLOT